Confluents n°76 « Indicible féminin ? » est un numéro particulièrement important pour faire état des réflexions de notre Champ sur le féminin, la sexuation, tant dans ses enjeux théoriques que dans ses implications cliniques.
Depuis plus de deux ans, l’École de la Cause freudienne et le Champ freudien ont mis au travail le féminin, et ce, au travers de nombreux ouvrages et événements.
Nous avons voulu traiter la question du féminin, vu comme le dark continent, l’énigme de la jouissance féminine, par le biais justement d’une question et pas seulement d’une butée.
Il nous a semblé en préparant ces événements de l’ACF en Île-de-France, liés à ceux de l’École, que le féminin, la féminité s’abordaient par ce qui s’en dit et ce qui ne s’en dit pas. Le titre de ce Confluents 76 pose par sa question, « Indicible féminin ? », que si énigme il y a, si indicible il y a, il y a aussi à quelque chose à dire, à border.
Nous publions le contenu de deux très beaux après-midi d’étude. Le premier, avec Marie-Hélène Brousse autour de son livre, Mode de jouir au féminin, et le second, avec Clotilde Leguil autour de son livre, Céder n’est pas consentir. Chacune a commenté deux cas cliniques. Nous publions également deux textes écrits spécialement pour Confluents par Beatriz Gonzalez-Renou et Carolina Koretzky, qui abordent deux cinéastes Pedro Almodovar et Tim Burton, dans leur traitement du féminin.
Ma thèse c’est que le côté « supplémentaire » n’abolit pas du tout le fantasme […] mais ajoute quelque chose dans cette dimension qui produit une espèce de subversion des limitations dans le cadre du fantasme et des objets cause du désir, des modes de jouir phalliques. C’est comme ça que j’entends la chose, l’idée d’une jouissance supplémentaire », ça veut dire supplémentaire à la jouissance phallique […]. Ce dont il est question dans la jouissance « supplémentaire », c’est de quelque chose qui prend le corps dans son ensemble et qui le transporte de manière inattendue pour la personne, non reproductible.
Marie-Hélène Brousse
C’est quelque chose qui secoue les femmes ou les secourt, quelque chose qui bouleverse et qui peut confronter à un abîme, mais aussi qui secourt, sauve, quelque chose qui les réveille en les traversant. La jouissance féminine n’est donc pas pour autant une jouissance du silence, mais une jouissance qui ne peut se dire car elle ne répond pas à un sens. Elle désobéit au sens. […] Il faut donc inventer un nouveau rapport à la parole pour dire l’indicible de cette jouissance.
Clotilde Leguil
Lever ce silence la laisse momentanément dépossédée mais la rend aussi à elle-même. En héroïne des temps modernes, c’est en consentant à son propre abîme qu’elle trouvera le salut, pour elle et pour les siens. Janis, parallèle à elle-même, est fidèle à son désir, y compris lorsqu’il est disjoint de sa volonté.
Beatriz Gonzalez-Renou
C’est ainsi que sa quête s’achève : Alice découvre sa propre férocité, cette même férocité qu’elle déposait chez l’autre et qui lui revenait sous la forme d’une peur. À la fin du parcours analytique, le sujet réussit à isoler non pas tant la cause de son désir de savoir mais surtout la cause de son horreur de savoir.
Carolina Koretzky